Nous avons passé quelques jours dans la vallée du village de Toho, sur l’île de Kyushu. Toho est censé être connu dans tout le Japon pour ses céramiques, et nous ferons peut-être un petit article là dessus, mais ce n’est pas le sujet du jour.
Notre arrivée là-bas s’est faîte façon Jurassic Parc, sous une pluie battante dans une voiture où si l’on avait pu voir à travers les vitres embuées on aurait sûrement vu les dinosaures. Mais pas de dinosaures pour cette fois, par contre on a été servi côté pelles mécaniques : il y en a partout, pour ainsi dire à la pelle.
Notre hôte nous a fait un bref historique des événements : deux ans plus tôt, un typhon est passé exactement au dessus de cette vallée, provoquant des dégâts massifs : les pluies torrentielles de plus de 50cm par heure ont provoqué des glissements de terrain et les rivières ont été submergées d’eau, de boue et de débris de bois, détruisant notamment 1500 maisons, ainsi que de très nombreuses routes et voies ferrées. Environ 300 000 personnes ont été déplacées pendant plusieurs jours.
La route est désormais très longue pour remonter les vallées, du fait de la mise en place de circulations alternées sur les routes qui n’ont plus qu’une voie.
Photos juste après le typhon
Un an et demi plus tard, les pelleteuses sont toujours au boulot pour dégager les rivières, reconstruire les routes et stabiliser les pentes. La boue a été lessivée mais on voit aujourd’hui encore clairement les conséquences de ce déluge…
Je dois vous avouer que c’est assez impressionnant de voir les moyens mis en œuvre pour tout reconstruire : les pelles mécaniques déblaient le lit des rivières, presque à sec en hiver, et les pentes qui ont glissées sont recouvertes d’une structure en béton sur des surfaces gigantesque.
Six ans plus tôt nous avions découvert comment le béton pouvait aider à résoudre les problèmes de tsunamis sur l’île de Shikoku (voir l’article Les Rois du Béton), à présent nous voyons comment le béton répond aux typhons.
Voilà pour le contexte, réjouissant non ?
Les forêts de Toho
Comme un peu partout au Japon, les alentours de Toho sont très escarpés : les balades en forêt ne sont pas de tout repos, les dahus japonais doivent avoir une sacré différence de longueur de pattes !
A certains endroits, on tombe sur des endroits très bizarres :
Sur des hectares entier, c’est le carnage : tout est coupé, broyé, arraché, il ne reste pour ainsi dire rien de vivant sur ces milliers de mètres carrés. Flippant.
Notre hôte nous explique que les installations pour les Jeux Olympiques de Tokyo nécessitent beaucoup de matériaux de constructions, ce qui explique l’ampleur de ces coupes. Il nous explique aussi que la monoculture de sapins aux racines peu profondes n’a pas favorisé les conditions lors du typhon de 2017, provoquant bien plus de glissements de terrains que si les flans de montagne étaient préservés, avec une diversité de plantes et d’arbre à même de stabiliser le terrain, si pentu soit-il.
C’est vrai qu’à ce rythme on peut se demander pourquoi il y aurait encore des montagnes dans cet endroit là après des millénaires de typhons et de fortes pluies…
Difficile de ne pas se rendre compte du problème que cette gestion des forêts pose, entre la plantation exclusive de sapins et les coupes franches de ceux-ci quelques années plus tard, et pourtant cela n’a pas l’air de changer des masses… Le mystère de l’être humain !
Jusqu’ici tout va bien… ou pas, mais bon on verra plus tard.