2019 est l’année 31 au Japon, c’est à dire, la 31e année de règne de l’empereur actuel. Ce sera la dernière de la série, puisque vous n’êtes pas sans savoir que l’empereur actuel laisse sa place au fiston, du coup, le calendrier reprendra à l’année 1 en 2020.
Le passage à la nouvelle année est une étape, et les jours qui précèdent, l’atmosphère est un peu différente de d’habitude, il y a de la préparation dans l’air : les magasins annoncent leurs congés et souhaitent leurs bons vœux pour le passage à l’année du sanglier à coup d’affiches placardées un peu partout.
Dans les rues, des stands éphémères fabriquent des totems à base de mochi (pâte de riz écrasé), algue, papier rouge et blanc, et un petit homard en plastic au milieu. Ce petit totem est accroché à la porte d’entrée, mais attention, il ne faut pas l’accrocher à n’importe quel moment, il y a des nombres qui ne portent pas chance et du coup, on évite. Chez Alex, nous avons accroché le totem le 30 décembre.
Il y a aussi les fabricants de mochi qui sont en effervescence ! Et oui, pendant la période du nouvel an, on va manger une soupe de « an » (genre de purée de azuki – haricot rouge, pour celles et ceux qui voudraient connaître la magie du an, nous vous recommandons le film « An – les Délices de Tokyo »), avec des morceaux de mochi plongés dedans, c’est fameux !
Nous avons eu droit à un vrai repas du nouvel an, préparé par les voisins d’Alex. au programme : une soupe miso avec du mochi, des baguettes spéciales qui sont rondes des deux côtés et qui sont présentées dans une pochette spéciale pour le nouvel an, avec du blanc, du rouge et du doré : des couleurs qui portent chance, et tout un tas de choses très symboliques.
Devant les maisons, il y a non seulement les posters de sanglier, mais souvent des installations à base de paille de riz, de bamboos et de branches de pin.
A l’approche du nouvel an, on dit yoy otoshio, et après, on dit
« akemashite omedeto gozaimasu ». Mais comme c’est un peu compliqué, on bafouille quelque chose qui se termine par « gozaimasu », qui est la fin de beaucoup de formules de politesse, et ça passe, ou pas…
La veille du Nouvel An, il faut manger des sobas, ces nouilles de sarrasin qui se mangent chaudes ou froides. C’est une tradition dont on ignore la provenance, mais nous l’avons tout de même suivi, dans le restaurant de soba en face de chez Alex, très convivial !
La nuit du nouvel-an, pas de grosse soirée prévue, pas d’impératif de faire la fête à tout prix, comme on peut le ressentir en France (en ce qui nous concerne). Nous sommes tranquillement allés au temple Shinto du quartier d’Alex. Dans les rues, tout est très calme.
Quand nous approchons du temple Shinto, nous apercevons plein de lanternes qui illuminent les chemins (sur les lanternes, les noms des entreprises qui soutiennent le temple, c’est un peu plus classe que des bâches de sponsors…). L’ambiance est très familiale et nous nous insérons dans la file en face de l’entrée, bien rangés trois par trois, en attendant minuit. A ce moment-là, chacun vient prier, donner, et peut-être acheter un porte bonheur pour l’année, les uns après les autres en s’avançant trois par trois face au temple. Derrière nous, les familles s’empressent et la queue s’étend.
Une fois que nous avons fait notre prière, nous recevons une petite boisson chaude à base de riz. Il y a des braseros autour desquels on peut se réchauffer, et aussi une espèce de four pour brûler les portes-bonheur de l’année précédente (faut faire tourner le business !)
Et voilà, c’est 2019 ! On peut aller se coucher tranquillement dans un Tokyo vide… Les trois premiers jours de l’année sont fériés, et beaucoup de gens retournent dans leur famille (souvent en dehors de Tokyo). La plupart des magasins sont fermés (sauf les combinis, toujours ouverts 24/24h), les dojos sont fermés, on s’ennuie un peu. Les lieux d’affluences restent les temples, et les tokyoïtes de souche font la tournée des temples shinto pendant ces quelques jours !
Et pour la petite histoire, racontée par un chauffeur de taxi aux gants blancs, le temple du nouvel an est celui sur les marches duquel les deux héros du film d’animation « your name » (Kiminonaha) se retrouve à la fin du film. Et bammm.