Hiroshima

De retour à Hiroshima après notre excursion à Miyajima, nous continuons nos visites touristiques en faisant le tour à pied de la ville, traversée par de nombreux bras de rivières se jetant dans la mer intérieure toute proche.

Il est parfois difficile de savoir où l’on se trouve du coup : on longe quelle rivière là ? T’es sûre que c’est la bonne ?

Notre logement, réservé près des lignes de Shinkansen pour ne pas avoir à traverser toute la ville avec nos bagages, se trouve au nord de la ville. J’avais fait bien attention de faire une réservation tout près de la gare : la chambre était même dans le pâté de maison de la gare, pratique ! Oui, sauf que ce n’était pas la bonne gare : le Shinkansen s’arrête en fait dans la gare d’après par rapport l’endroit où j’ai réservé. Pas de chance ! Faut dire que d’effectuer la réservation en urgence depuis l’aéroport de Paris sans connaître ni la ville ni le fonctionnement des trains au Japon aurait pu être bien pire ! Ici un petit tour en train et c’était réglé : ouf !

Et la bombe dans tout ça ?

Ah oui la bombe : et bien si c’est la première choses à laquelle on pense lorsqu’on dit « Hiroshima », ce n’est pas du tout présent dans la ville en elle-même : la ville ressemble à s’y méprendre à n’importe quelle autre ville japonaise, qui ne comportent de toute façon pas beaucoup de maisons ou éléments architecturaux datant d’avant la guerre. Hiroshima doit sûrement avoir moins de temples historiques que la moyenne des villes japonaises, mais il est difficile de s’en rendre compte car de toute façon le patrimoine historique du Japon est reconstruit régulièrement selon les méthodes ancestrales. Ici ils ont dû repartir de rien, mais ont sûrement reconstruit la plupart à l’identique.

Un exemple avec le « château de la Carpe »

Le château de la Carpe, datant de 1591 en pleine période féodale, marquait la puissance du Shogun de la région, Mori Terumoto. Érigé non pas sur les hauteurs environnantes mais en plein centre ville pour appuyer la puissance de celle-ci, il n’a pas pu échapper à la destruction massive de la ville le 6 août 1945. Il a été soufflé comme le reste lors de l’explosion de la bombe atomique, ne laissant que des débris fumant en lieu et place de sa position dominante dans la ville.

Tadam !

Difficile de croire que le « nouveau » château est une construction datant de 1958. Construit sur le modèle du château original, le nouveau ressemble en tout point à une construction d’époque. Il paraît que la structure a été faite en béton armé plutôt qu’en bois, sûrement pour des questions de coûts, mais au fond pourquoi pas !

Au contraire du château d’Himeji, ou du plus ancien temple d’Osaka qui, lors de nos visites n’étaient pas visibles, cachés sous des super-structures protégeant les artisans effectuant leurs restaurations complètes, au moins le château d’Hiroshima était bel et bien visible !

Le dôme de Genbaku

A l’origine, le bâtiment a été construit comme Hall d’exposition pour la promotion de l’Industrie de la province d’Hiroshima.

Un peu plus loin dans notre balade nous arrivons au dôme de Genbaku, symbole de la destruction de la ville par la bombe atomique.

La légende veut que le bâtiment ait résisté (partiellement) au souffle destructeur qui a rasé la ville car la bombe « Little Boy », qui a été déclenchée à environ 650m d’altitude, se trouvait pratiquement à la verticale du bâtiment au moment de l’explosion. Le souffle, qui était donc vertical à cet endroit, a épargné les murs de ce bâtiment contrairement à la plupart des autres édifices de la ville.

Not published in LIFE. Hiroshima, 1945.

Un sujet de discorde internationale

Pendant la reconstruction de la ville, le bâtiment est resté tel quel pendant quelques années, puis clôturé en cas d’effondrement, et a enfin été l’objet de multiples discussions quand à son avenir : fallait-il le détruire pour oublier l’épisode tragique, ou au contraire le conserver comme mémorial ? C’est finalement la deuxième option qui a été retenue en 1966. Des travaux ont été effectués pour pérenniser les ruines du bâtiment, devenu par la suite l’un des éléments du Mémorial pour la Paix, avec les buts ci-dessous :

Le bâtiment est le témoin du désastre terrible produit par la première utilisation par l’humanité d’une bombe atomique. Les ruines ainsi figées sont une image des conséquences directes de la bombe. Il représente enfin l’espoir universel pour l’abolition de toute les armes nucléaires sur Terre.

Plus tard, en 1995, le Japon a demandé l’inscription du bâtiment au Patrimoine Mondial de L’UNESCO, provoquant de fortes réticences de la part des États-Unis et de la Chine. D’après une rapide lecture d’une thèse académique hollandaise faisant une étude de cas du fonctionnement politique de l’UNESCO dans ce cas précis, voici ce que reprochait chacun des pays à cette demande.

Opposition des États-Unis

Les États-Unis ne se sont pas opposés frontalement à cette demande du fait des relations commerciales et politiques fortes avec leur allié japonais. Ils ont tout de même fait part de leur souhait de bien définir (entendre : à leur manière) le contexte de l’utilisation de ces armes pendant la guerre (ndlr : à savoir le fait communément admis que les bombes ont permis de mettre fin à la guerre en épargnant au maximum les vies des soldats et des civils qui auraient été impliqués dans des combats au sol. Cette thèse est pas mal remise en question depuis quelques années à la lumières des dossiers déclassifiés après 50 ans, voir plus bas).

The United States is concerned about the lack of historical perspective in the nomination of Genbaku Dome. The events antecedent to the United States’ use of atomic weapons to end World War II are key to understanding the tragedy of Hiroshima. Any examination of the period leading up to 1945 should be placed in the appropriate historical context.
The United States believes the inscription of war sites outside the scope of the Convention. We urge the Committee to address the question of the suitability of war sites for the World Heritage List.”

American representatives at UNESCO, 1996

La volonté de conserver dans l’opinion publique la version officielle de l’Histoire, celle des vainqueurs de la guerre, était la principale préoccupation du gouvernement américain.

Opposition de la Chine

Du côté chinois, les revendications s’appuient aussi sur le contrôle l’Histoire, en voulant cette fois éviter que les japonais puisse se positionner en tant que victime de la guerre, alors qu’ils ont infligés des dégâts extrêmement importants dans tous les pays asiatiques.

During the Second World War, it was the other Asian countries and peoples who suffered the greatest loss in life and property. But today there are still few people trying to deny this fact of history. As such being the case, if Hiroshima nomination is approved to be included on the World Heritage List, even though on an exceptional basis, it may be utilized for harmful purpose by these few people. This will, of course, not be conducive to the safeguarding of world peace and security.
For this reason China has reservations on the approval of this nomination.

Chinese representatives at UNESCO, 1996

Les désaccords sont profonds entre la Chine et le Japon, et les gouvernements ou mouvements nationalistes de chacun des pays font tout pour dégrader l’image de l’autre depuis les années 80. Lors de notre passage en Chine il y a six ans, nous avions d’ailleurs vu en trois mois pas mal de manifestations anti-japonaise. La Chine n’a pas laissé passer l’occasion d’aborder le sujet des massacres japonais.

On se rend bien compte ici de l’importance de l’Histoire pour les puissances politiques,et surtout de qui l’écrit ou influence l’image que le monde en a, notamment sur des sujets atomiques comme celui d’Hiroshima.

Au sujet de l’utilisation de la bombe A

Comme je le disais plus haut, la justification aujourd’hui officiellement admise de l’utilisation des bombes A au Japon est qu’il n’y avait pas d’autres moyens d’obtenir la reddition des japonais, qui se seraient battus jusqu’au dernier face à une invasion « classique ». La mort de quelques centaines de milliers de personnes aurait donc permis d’en épargner plusieurs millions en cas de guerre conventionnelle.

Cette version tient debout, surtout pour ceux qui connaissent un peu l’histoire des japonais, leur ardeur au combat et leur rapport à la mort en temps de guerre.

A la lumière des documents qui sont déclassifiés avec le temps et que des historiens épluchent petit à petit, il se trouve qu’une autre hypothèse fait son chemin, et que celle-ci tient aussi bien – voir mieux – la route avec le recul.

Dernière action de la seconde guerre mondiale ou première de la guerre froide ?

Le 12 septembre 1944, avant même la chute de l’Allemagne nazie, les trois grandes puissances engagées dans la guerre (Royaume-Uni, États-Unis et Union Soviétique) se rencontrent à Londres pour préparer le partage du territoire allemand, puis à Yalta du 4 au 11 février 1945. Les tensions entre les Alliés sont déjà vives, et si le sujet de l’Allemagne nazie est le centre des discussions, la répartition des zones d’influence et donc du pouvoir des blocs occidentaux et russes est en toile de fond. Le situation au Japon est aussi abordée, et l’Union Soviétique s’y engage à déclarer la guerre à l’archipel au plus tard trois mois après la capitulation de l’Allemagne.

Capitulation sans condition de l’Allemagne nazie

Malgré la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945, le Japon refuse quant à lui de céder sans condition face aux américains, qui gagnent pourtant du terrain avec notamment la prise sanglante de l’île d’Okinawa le 22 juin 1945.

La bombe atomique était à ce moment là encore en phase de finition, et ce n’est que le 16 juillet 1945 que le premier test concluant dans le désert du Nouveau Mexique fait officiellement entrer l’arme nucléaire dans l’arsenal des États-Unis. Elle sera utilisée à deux reprises moins de trois semaines plus tard sur des cibles réelles.

Empire japonais en 1945


L’analyse par l’historien américain d’origine japonaise Tsuyoshi Hasegawa des comptes-rendus des réunions de l’Empereur Hirohito avec ses ministres après les deux attaques montre que les attaques ne sont pas le centre des discussions, et qu’a contrario la déclaration de guerre de l’Union Soviétique contre le Japon et les premières attaques de celle-ci en Mandchourie (le 8 août, soit deux jours après l’attaque d’Hiroshima, mais aussi trois mois jour pour jour après la capitulation des allemands, dernier délai prévu dans les accords de Yalta) les préoccupaient au plus haut point. L’Union Soviétique, en appliquant les accords pris avec le bloc occidental lors de la conférence de Yalta, brisait ainsi le pacte de non-agression signé le 13 avril 1941, normalement pour cinq ans, avec le Japon.

L’influence des différents événements sur les choix politiques de chacune des nations est difficile à différencier plus de soixante dix ans après les événements :

  • L’Union Soviétique aurait-elle suivi ses engagements de Yalta et déclaré la guerre au Japon si la première bombe n’avait pas été lancée ? (vu les enjeux géopolitiques il semble que oui)
  • Le Japon était dépendant des ressources de son « Empire » pour continuer la guerre. La flotte américaine ayant le contrôle des mers et des airs au Japon depuis Okinawa, l’invasion de la Mandchourie par les soviétiques aurait porté un coup fatal aux possibilités offensives et défensives japonaises (voir le rapport interne au Japon déclassifié de la situation du pays le 20 juillet 1945). Pourquoi les États-Unis n’ont-ils pas attendu que le délai des trois mois soit passé (deux jours de plus) pour voir la réaction le Japon assiégé face à deux adversaires puissants ?
Extrait de « MAGIC Diplomatic summaries and transcript« , un ensemble de documents top secrets du département des armées, déclassifiés par la NSA il y a quelques années.
  • La capitulation sans condition n’était pas acceptable pour les japonais, notamment sur la seule condition du traitement de l’Empereur en cas de défaite. Les États-Unis en avait été informés et le savaient donc, mais les ultimatums de juillet ont été rédigés de manière à ce qu’ils ne puissent pas être acceptés par le Japon. N’y avait-il pas possibilité de négocier plus finement une capitulation qui aurait permis d’éviter l’extermination pure et simple de plus de 140 000 personnes à Hiroshima et de 75 000 à Nagasaki ?

A la lumière des nouveaux témoignages et documents accessibles, la thèse officielle de l’obligation d’utiliser les armes atomiques ne semble plus la seule qui tienne. On comprend cependant bien ce qui a poussé les américains à utiliser si rapidement leur nouvelle arme et à faire entrer le monde dans une nouvelle ère : montrer au monde, et en situation réelle pendant qu’il en était encore temps, la puissance de frappe sans égal des armes nucléaires, afin d’asseoir leur position de leader dans les luttes futures, face au bloc soviétique notamment.

Tout cela est un peu résumé, mais j’espère que c’est quand même clair. Cela fait un peu « révisionniste », mais pourquoi pas : le terme n’est pas censé être péjoratif dans son sens premier. L’Histoire n’est pas une vérité absolue, surtout à la fin d’une guerre avec des gagnants et des perdants.

Je tiens à préciser que nous n’avons pas eu la version officielle japonaise de cette histoire car le musée est en cours de rénovation et que seule une partie est accessible au public. Ces informations proviennent de discussions que l’on a eu avec des personnes à ce sujet, et aussi pas mal de sites internet (plus ou moins officiels) pour appuyer mes propos et que j’ai tenté de citer !

Bon, tout ça pour dire qu’au final à Hiroshima, à part au dôme et au mémorial pour la Paix, on ne parle pas forcément de la bombe atomique ! La vie suit son cours ! 🙂

Rendez-vous bientôt pour d’autres articles un peu moins longs/un peu plus perso !

Guilhem

On a retrouvé les pédalos canard d’OSS 117

L’agence du contre espionnage français a mis au point il y a quelques années un prototype de pédalo en forme de canard, dont on peut d’ailleurs apercevoir un aperçu dans le film OSS 117.

Pour ceux qui ne connaissent pas le film par cœur, un petit rattrapage s’impose !

Quelle ne fut pas notre surprise lorsque l’on a vu sur le lac au dessus de Nikko non pas un, mais bien plusieurs dizaines de ces engins, à peine camouflés sur les rives du lac, parmi d’autres engins tout aussi perfectionnés (hélicoptères ou sous-marins).

Ne parlant pas un mot de japonais et ne souhaitant pas nous immiscer dans les problèmes d’espionnage et de contre espionnage internationaux, nous n’avons pas poussé notre investigation plus loin.

Choux blanc, donc…

A toutes fins utiles, voici le plan détaillé du pédalo canard, à l’échelle.

PS : pas d’inquiétudes à avoir pour la suite de notre voyage, personne n’a pu nous repérer lors de notre escapade à Nikko, et puis l’article étant en français, ils ne seront jamais capable de le comprendre, heureusement !

Vive la France


Ces petits riens !

C’est étrange cette sensation de retrouver un environnement familier ! Tout le monde a déjà ressenti ça, quand on arrive chez les grands parents : l’odeur de la maison, l’ordre des choses, une vue familière qui évoque des souvenirs, le comportement d’un voisin, et une espèce de routine, propre à l’endroit, qui se met en place toute seule.

Et bien, nous ne sommes pas arrivés chez Mamie, et pourtant, en quelques jours, on retrouve ces petits détails qui font qu’on est bien au Japon ! Au-delà de ce qu’on connait tous plus ou moins de ce pays, ou de ce qu’on peut vous transmettre via une photo, il y a aussi tout ce qu’on ressent.  Alors parfois, ces sensations sont subjectives, et je suis sûre que d’autres voyageurs ont d’autres ressentis, mais bon, voilà tout de même quelques « petits riens » parmi d’autres :

Le piou-piou des passages piétons aux feux tricolores (que vous pourrez entendre sur notre clip-karaoké de Hoshino Gen) ! Ce petit son paraît complètement futuriste la première fois, surtout si on est à un gros carrefour avec plein de monde qui traverse, et très vite, ça devient une mélodie presque apaisante ! Guilhem est devenu expert en imitation des différents « piou » en sifflant !

La façon de se déplacer des gens dans les espaces publics : les gares, les rues, etc. . C’est une sensation difficile à décrire… Il y a souvent beaucoup de monde, et pourtant, la circulation est très « smooth » et il n’y a pas beaucoup de bruits (humains). Nous ne nous déplaçons pas comme ça naturellement et il nous faut un peu de temps avant de se remettre dans le bain. Finalement, c’est parfois un exercice de pleine conscience de se balader. Par exemple, à la gare centrale d’Osaka, où il y a un monde FOU, il faut anticiper toutes les trajectoires de toutes les personnes approchant dans un périmètre de moins de cinq mètres, pour, sans un mot, sans même un geste, savoir où passer (sauf quand on se trimbale une valise énorme qui ne se déplace pas de façon aussi « smooth » qu’on le voudrait…).

L’activité à toute heure dans les villes, rythmée par les « combini » et autres magasins ou restau ouverts 24h sur 24. Il n’y a pas de pause, et il y a tout type de personnes à toute heure du jour et de la nuit ! Je crois que je n’ai eu cette sensation d’ininterruption que dans ce pays, surtout que l’atmosphère des rues ne change presque pas, qu’il soit 8h du mat’, 14h ou 23h, on peut toujours sortir en pyjama/chaussons pour s’acheter un café au Family Mart du coin !

Le confort de pouvoir aller aux toilettes n’importe où n’importe quand ! Et oui, c’est un détail, mais qui a son importance ! Les toilettes publiques sont partout, et toujours propres en plus ! Et au pire, il y a toujours les toilettes des combinis, ouvert 24h/24…

Avec tout ça, on reprend notre rythme japonais tranquillement !

T’as vu ta tête quand tu manges un maki au wasabi ?

Dans un restaurant (japonais, cela va de soi ici !), j’ai commandé entre autre des maki au wasabi et des makis thon/concombre. Rien d’extraordinaire jusque-là.

A la question « Voulez-vous du wasabi avec vos maki ? », j’ai répondu oui aussi. On s’est alors dit « des maki wasabi au wasabi, c’est marrant ! », puis le diner a continué.

Quand le plat est arrivé, Eglantine s’est dit « tiens ceux-là il n’y a pas de poisson je peux en manger » (Eglantine est végétarienne). Elle m’a donc piqué, avec mon consentement, un maki.

Elle le porte à sa bouche, commence à mâcher… et là, c’est le drame ! Elle se replie sur elle-même, devient toute rouge, a les yeux qui pleurent… Ah oui, ça a quand même l’air un peu fort en wasabi ! 🙂

Comme c’est moi qui les ai commandés, je ne peux pas me défiler : le résultat est le même !

La prochaine fois on fera un peu plus attention lors de la commande. En tout cas ce qu’on peut en conclure, c’est que le wasabi rend poli !

Tiens il reste un maki ! Allez il est pour toi, je te le laisse, si si ça me fait plaisir vas-y ! J’insiste ! T’es sûr ? Si tu ne le prend pas je le propose aux autres c’est ta dernière chance !

La terreur du restaurant

Je me suis dévoué pour le dernier. Bon d’accord Eglantine en avait déjà mangé trois, et Mathilde que l’on rejoignait nous a poliment décliné l’offre, alors j’ai pris stoïquement mon courage a deux baguettes…

Belles découvertes à Miyajima

Le petit changement de programme orchestré par Air France lors de notre voyage vers le Japon (voir article précédent) nous amène donc à Fukuoka, d’où nous prenons deux jours plus tard le train direction Hiroshima.

Le programme est de retourner étape par étape vers Tokyo, en visitant des villes et/ou des connaissances sur le chemin.

Pour Hiroshima c’est plus une visite touristique, du coup on a fait les touristes ! Et l’une des premières destinations des touristes, ce n’est pas forcément le Peace Museum, qui raconte la destruction de la ville en 1945, mais l’île de Miyajima en face !

Miyajima

Tori de Miyajima (Hiroshima)

Le Tori dans l’eau de Miyajima est l’un des plus représenté au Japon, ce qui fait de l’île une destination très prisée. Dans le train pour se rendre au ferry, nous repérons très rapidement ceux qui s’y rendent de ceux qui commutent vers leur travail !

Notre JR Pass de sept jours nous permet de prendre pas mal de trains de « banlieue » et l’un des ferrys sans supplément. Deux lignes de ferry effectuent des allers/retours en continue entre la côte et les îles, avec plusieurs bateaux chacune.

Une fois sur place, comme à Nara, des daims naviguent entre les touristes, tentant de leur chiper leurs brochettes toutes chaudes. L’état de certains animaux, peut-être plus habiles que les autres, nous donne une indication sur l’effet de la surconsommation de brochettes au fromage… Heureusement pour vous, je n’ai pris que les plus mignons en photo !

Les rues principales sont pas mal fréquentées, malgré le fait que nous soyons en basse saison : nous imaginons la foule en pleine saison, cela doit être fou ! Nous nous écartons pour trouver un restaurant moins touristique et visitons de jolies petites rues. Les rues adjacentes sont désertes, mais pas de resto non plus !

Nous retournons dans la rue commerciale et déjeunons bien au chaud, mais nous renonçons à faire la randonnée vers le haut de la montagne, il fait trop froid et nous ne sommes pas assez bien équipés contre le vent. Nous aurons d’autres occasions de randonner comme vous le verrez !

Senjôkaku

Senjôkaku : la pavillon aux mille tatamis

Un peu plus haut dans la montagne, nous tombons sur un temple impressionnant. Inachevé, les colonnes sont restées en bois brut, tandis que les murs sont tout simplement absent, dévoilant une vue imprenable sur le village.

Les pièces de bois sont tout simplement monumentales, et du fait de son histoire aucun artifice ne vient camoufler les éléments de charpente et le veinage unique du bois. Je préfère ces monuments aux temples maquillés en rouge ou en feuilles d’or !

Sur la charpente du bâtiment sont accrochées de nombreuses œuvres de toutes les époques, certaines ayant l’air de dater de plus de mille ans tandis que sur d’autres on croirait l’encre à peine sèche.

Le coup de cœur d’Églantine (largeur : environ trois mètres !)

Le plancher est lui aussi remarquable. Lustré par des hordes de touristes en chaussettes ou chaussons verts fournis à l’entrée, il en impose et montre la résistance et la beauté révélée avec le temps du bois massif : on est loin des parquets composites clipsables qui sont la norme dans les magasins aujourd’hui…

Après un peu plus de quatre cent ans, on observe quelques réparations sur le plancher, qui sans faire tâche ajoute du cachet au bâtiment !

Après cette petite pause dans le calme du temple, nous continuons notre découverte de l’île au hasard, et le hasard fait souvent assez bien les choses !

La rivière Momijidani et son parc

Nous nous retrouvons sur le chemin du funiculaire menant au mont Misen, l’autre « must-see » de l’île.


N’ayant pas choisi d’y monter, nous ne sommes donc pas tentés de courir pour attraper le prochain funiculaire comme l’indique le drôle de panneau sur le côté !

A un moment donné, nous voyons une jolie rivière sur le côté, bordée de petites maisons. On dirait une sorte de Ryokan, les hôtels traditionnels japonais, avec sa ballade privée le long des maisons. Rien n’indique que l’endroit est privé, alors contrairement à la plupart des autres visiteurs nous tentons notre chance en remontant la rivière, à pas de loup pour ne pas déranger si jamais…

La beauté du lieu semble toute naturelle, avec ses blocs de pierre immenses formant des piscines et des petites cascades, un chemin de mousse se faufilant entre les arbres subtilement taillés… Cependant, un panneau informatif nous indique (en anglais !) qu’il s’agit d’une création 100% humaine, la rivière ayant été balayée par un glissement de terrain en 1945.

On doit cette petite merveille à un paysagiste d’Hiroshima dont nous avons oublié le nom, mais qui s’est attaché à respecter au mieux le lieu pour habiller les travaux de stabilisation de la rivière. On apprécie d’autant plus le travail accompli lorsque l’on connait ce que donnent les autres rivières « sécurisées » du japon, soit la majorité d’entre elles.

Lorsque l’automne bât son plein, cette petite rivière est l’un des lieux les plus prisés pour le momijigari, la contemplation du changement de couleur de la nature, principalement des érables rouges du Japon (momiji). Nous arrivons juste un peu tard, mais si l’on a raté les jolies couleurs, cela nous a permis de découvrir le lieu dans un calme qui nous convient tout à fait !


Voilà pour notre petit tour de touristes !

Je pense qu’une grande partie du plaisir que nous avons ressenti à découvrir ces différents endroits venaient du fait que nous avions justement l’impression de les découvrir, n’ayant pas potassé nos guides de voyages sur Miyajima avant de nous y rendre.

Pas d’attentes particulières, pas de schéma ni de trajets prédéfinis, on s’est laissé guidé par les chemins qui se présentaient à nous (et par notre faim !). Les découvertes n’en ont été que plus belles !

Certes nous avons semble-t-il « loupé » le temple aux 500 bouddhas, mais si je n’avais pas recherché quelques noms pour écrire cet article, je n’aurai jamais su que nous étions passé à côté de quelque-chose. Y-a-t-il quelque-chose à regretter ? 😉

A bientôt !


A peine partis…

Pour notre troisième visite au Japon, nous avions prévu de faire « comme d’hab » : arrivée à Tokyo chez notre ami Alex qui nous héberge pendant un mois (la chance, merci à lui c’est trop cool !), le temps de prendre nos marques au Japon, de faire passer le jetlag, de faire de l’aïkido et d’organiser la suite du voyage.

Seulement voilà, Air France va chambouler tout ce beau programme : avant même de partir, nous sentons que le voyage va être sport, avec une demi-heure de retard annoncé sur le premier vol, alors que nous n’avons que dix minutes pour changer de hall avant l’embarquement du Paris-Tokyo.

Malgré notre belle course, nous arrivons à notre porte d’embarquement et voyons que la rampe d’accès est en train d’être retirée : un peu tard ! Nous sommes redirigés vers le service client Air France qui nous cherche un nouveau vol pour Fukuoka, notre destination finale.

Petit intermède pour vous expliquer notre plan initial : nous avons pris un vol Bâle-Fukuoka car il se trouve qu’il est moins cher que le Paris-Tokyo, pourtant inclus dedans (??).
Deux mois avant le départ, suite à une annulation de notre vol Paris–Tokyo-Haneda par Air France et de son remplacement par un Paris–Tokyo-Narita, nous forçant à récupérer nos bagages et à changer d’aéroport, nous avons pensé « rater » notre correspondance forcée vers Fukuoka, afin de rester à Tokyo. Vous suivez toujours ?

Air France nous trouve donc une solution de repli pour aller vers notre « destination finale« , ce qui ne nous arrange pas vraiment. Nous leur expliquons que nous avions secrètement prévu de nous arrêter à Tokyo, mais ils veulent absolument nous emmener à notre Fukuoka. Soit.

Cela nous oblige à revoir un peu nos plans pour notre arrivée, heureusement que l’on avait pas prévu grand chose ! C’est surtout gênant pour Alex qui nous attendait pour notre arrivée.

Fukuoka donc… et après ?

Nous arrivons donc à Fukuoka vers 20h. Les billets d’avion pour Tokyo semblent complets et assez cher en dernière minute, les bus de nuit pour la capitale un peu longs après déjà 24h de transit (cela ajoute un jour de demi de trajet)… Nous optons donc pour une remontée tranquille vers Tokyo en passant par des villes que nous ne connaissons pas encore et où nous pourrons rencontrer des connaissances : Hiroshima, Kobe, Osaka et autre !

Pour les trajets, le JR Pass semble parfait : il permet de prendre quasiment tous les trains grande ligne du Japon, Shinkansen (train grande vitesse) compris, pendant sept jours. Nous limitons ainsi les temps de trajet, simplifions les recherches d’horaire et de lieux de départ (avec nos bagages c’est mieux !) afin de rendre notre tour forcé un peu agréable !

Dernier point : le logement. AirBnB est le moins cher et le plus facile à réserver pour les occidentaux. Il faut juste faire attention à ne pas se tromper d’arrêt pour les logements près des gares ! :S

Moralité

Quand on veut faire les malins pour avoir un billet moins cher et en plus contourner le système, il faut pouvoir s’adapter aux situations qui arrivent !

Mais nous ne nous en sortons pas si mal, et notre début de périple est très sympa ! De plus, si Air France consent à nous payer les frais prévus par la réglementation européenne sur le retard des longs courriers, nos billets d’avions nous reviendront à environ… -100€ ! Qui dit mieux pour un aller/retour ?

Épilogue : nous avons appris pendant notre voyage que la valise d’Eglantine a « raté » le départ de Bâle, et a donc été redirigée vers Fukuoka en passant par Séoul : si nous avions eu notre avion, nous n’aurions donc de toute façon pas pu récupérer cette valise à Tokyo, nous forçant à aller à Fukuoka ! Comme quoi le destin est bien fait ! 🙂